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Les questions de société ont été examinées par l'IRES dans le cadre du programme d'études "Lien social". La connaissance la plus précise possible de l’état du lien social au Maroc est une question d’importance stratégique, au regard des difficultés palpables qui affectent le vivre-ensemble, sous l’effet des évolutions politiques, économiques, sociales et culturelles, tant sur le plan national qu'international.

Les grandes transformations des rapports sociaux, qui en découlent, ont contribué à un changement des formes de solidarité, des liens entre les citoyens marocains et entre ceux-ci et l’Etat.

Partant de ce constat, l’IRES a mené depuis 2009 des études et des analyses sur le lien social au Maroc. Ces travaux, entamés bien avant le "printemps arabe", avaient initialement pour objet d’interroger les zones majeures de transformation du lien social en rapport avec les processus transitionnels de la société marocaine, de dresser une cartographie des espaces sociaux les plus touchés par l’affaiblissement du lien social, de mieux appréhender les signes de relâchement constatés et surtout de définir de nouveaux modes de régulation et de renforcement du vivre-ensemble. Ils visaient, également, à comprendre l’évolution des relations entre les individus, à analyser leur impact sur la cohésion sociale et à proposer des politiques publiques appropriées.

La réalisation de ce programme d’études par l’IRES s’est faite en trois phases et a connu, à fin 2019, la finalisation de huit études complémentaires.

Outre l’état de la recherche bibliographique au niveau national et international, la conduite de ce programme d'études a permis, dans la phase qualitative (2008-2010), d’examiner plusieurs questions relatives, notamment, à la confiance institutionnelle et interpersonnelle, aux inégalités socio-économiques, à la cohésion sociale, aux tensions identitaires et culturelles, aux crispations religieuses, à la jeunesse, aux nouveaux mouvements sociaux de contestation …

Les conclusions de cette première phase qualitative sont consignées dans un rapport de synthèse, structuré autour de trois problématiques : le changement des valeurs et les recompositions du lien social, les difficultés du vivre-ensemble et le rôle de l'Etat et des acteurs sociaux dans le maintien du lien social et de l’équilibre sociopolitique ainsi que les questions relatives aux rapports des individus entre eux et entre l’Etat et les citoyens.

La phase quantitative (2011-2012) s’est traduite par la réalisation d'une enquête nationale sur le lien social, portant sur un échantillon représentatif de plus de 5.000 personnes. Cette enquête de terrain, qui a concerné toutes les régions du Royaume, a été menée en mai et juin 2011. Elle a nécessité la mobilisation d’une équipe de 60 enquêteurs, pour la plupart des doctorants, dans différentes disciplines des sciences humaines et sociales et a généré une masse très importante d’informations utiles à la connaissance de la société marocaine.

Première de son genre au Maroc, l’enquête nationale sur le lien social a fait l'objet d'un rapport et d'un atlas graphique. Elle a fourni des éclairages pertinents sur le lien familial, le lien d’amitié, le lien de voisinage, le lien de travail, le lien politique et civique, les solidarités, les identités collectives et la marocanité, le vivre-ensemble et la citoyenneté ainsi que sur les domaines sociaux de la confiance/défiance.

La phase stratégique (2012) s’est achevée par un rapport stratégique de synthèse, récapitulant l’ensemble des connaissances accumulées tout au long de ce programme de réflexion sur la société marocaine et formulant quelques propositions de politiques publiques, à même de restaurer la confiance dans les institutions, de renforcer la solidarité économique, sociale, spatiale et générationnelle, de valoriser l'identité plurielle, tout en favorisant le développement de la recherche en sciences sociales.

La question de l'enseignement a occupé une place privilégiée au niveau de l'étude des questions sociétales. L'étude de 2012 a établi un diagnostic du système d'enseignement, analysé l'impact des réformes menées et formulé des propositions pour améliorer la qualité de l'enseignement et pour rendre ce secteur en harmonie avec les choix fondamentaux de développement du Maroc.

Outre la réalisation des trois phases susmentionnées, l’IRES a mené, entre 2012 et 2015, des études complémentaires : “Les aspects culturels de la régionalisation”, “La confiance, les politiques publiques et les demandes sociales”, “Le mouvement chiite au Maroc : évolution et tendances” et “Les inégalités et la cohésion sociale au Maroc : enjeux et orientations de politiques publiques”.

Dans le cadre de l’analyse des questions nationales, l’IRES a finalisé, en juin 2014, l’étude intitulée “L’opérationnalisation de la Constitution : quels impacts sur la gouvernance des politiques publiques ?”. Cette étude a mis en exergue le contexte stratégique du processus d’opérationnalisation de la Constitution, à la lumière des projections démocratiques et des enjeux politiques et économiques qui accompagnent ce chantier structurant.

L'étude s’est attelée à comprendre comment les nouveaux modes définis par la Constitution, en matière de politiques publiques, pourraient-ils participer à la mise en place d’une bonne gouvernance au Maroc ? L’étude de l’IRES a investi, également, trois chantiers législatifs structurants : les nouvelles prérogatives constitutionnelles de la société civile, le bilinguisme officiel et la réforme du système judiciaire.

En 2016, l'IRES a réalisé la deuxième édition de l'enquête nationale sur le lien social au Maroc. Afin de tenir compte des développements qu’a connus le Maroc au cours des cinq dernières années ainsi que les changements enregistrés à l'échelle régionale et internationale, il a été jugé opportun d’introduire, au niveau de cette deuxième enquête, les questions relatives aux nouveaux concepts induits par la nouvelle Constitution du Royaume ainsi que les dimensions liées à la sécurité, aux réseaux sociaux…

La comparaison des résultats des enquêtes de 2011 et de 2016 a permis d'élaborer une radioscopie actualisée de la société marocaine.

Ce grand chantier de réflexion sur la société marocaine a connu, à fin 2019, l'élaboration de 2 rapport stratégique, 2 rapports de l'enquête nationale sur le lien social au Maroc et 32 rapports thématiques, ayant nécessité la mobilisation de plus de 36 chercheurs associés et de 101 doctorants ainsi que l'organisation de 43 séminaires, auxquels ont pris part des personnalités marocaines, des acteurs publics et privés, des experts universitaires et des représentants de la société civile.