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  • L’approche basée sur les determinants sociaux de la santé et l’équité en santé : vers un nouveau paradigme de développement

L’intérêt pour les déterminants sociaux de la santé a pris de l’importance, dès l’aube de la décennie 2000. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les déterminants sociaux de la santé "se définissent comme étant les facteurs structurels et les conditions de vie quotidiennes qui sont à l’origine d’une grande partie des inégalités en santé entre pays et à l’intérieur des pays. Ils englobent la répartition du pouvoir, des revenus, des biens et des services et les conditions de vie des individus. Le terme de "déterminants sociaux" regroupe les facteurs sociaux, politiques, économiques, environnementaux et culturels qui ont une forte influence sur l’état de santé". 

Selon la même Organisation, l’équité en santé correspond au "principe selon lequel toute personne devrait pouvoir aspirer à une situation sanitaire décente et ne devrait pas être limitée à cet égard en raison de sa race, de son ethnicité, de sa religion, de son genre, de son âge, de sa classe sociale ou de son statut socioéconomique".  

Au Maroc, la question de l’équité en santé a été mise en avant par le Message de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, prononcé lors de la 2ème conférence sur la santé le 01 juillet 2013, par lequel Il a affirmé que "le droit d’accès aux services de santé, qui a été consacré par la nouvelle Constitution du Royaume, constitue un des piliers majeurs pour la consolidation de la citoyenneté dans la dignité et pour la réalisation du développement humain global et intégré que Nous souhaitons pour Notre pays".
Dans son Discours adressé à la Nation, le 30 juillet 2018, à l'occasion du 19ème anniversaire de Son accession au Trône et ce, bien avant le déclenchement de la pandémie de la Covid-19, le Souverain a appelé à "refondre en profondeur le système national de santé, qui se caractérise par des inégalités criantes et une faible gestion". 

Plusieurs institutions nationales et départements ministériels ont mené, durant les dernières décennies, des travaux de réflexion sur les déterminants des inégalités sociales, des disparités régionales et de l’iniquité en santé. De surcroît, les inégalités sociales, l’iniquité en santé et les déterminants sociaux de la santé et leurs relations avec le développement humain ont été largement abordés par les chercheurs et experts marocains dans le domaine de la santé. 

En particulier, le Ministère de la Santé et de la Protection Sociale a réalisé, en collaboration avec le bureau de l’OMS au Maroc, plusieurs études et organisé des conférences sur la question. Il convient de citer, à titre d'exemple, l’étude de 2012 intitulée "Vers la création d’une Commission Nationale relative aux déterminants sociaux de la santé au Maroc", la rencontre en 2018 sur le thème "Une évaluation en profondeur des inégalités en santé et des déterminants sociaux de la santé au Maroc", ou encore l’atelier "Innov8 pour la revue du programme National de Prévention et de Contrôle du Diabète (PN-PCD) dans les régions de Fès-Meknès et Tanger-Tétouan : intégration de l’équité, le genre, les droits humains et les déterminants sociaux de la santé".
    
L’analyse la plus exhaustive des iniquités en santé au Maroc, menée par le Ministère de la Santé et de la Protection Sociale avec l’appui de l’OMS en 2020, a révélé que les inégalités en santé les plus importantes, nécessitant des actions prioritaires, relèvent essentiellement du statut socioéconomique, de la distribution géographique et du niveau d’éducation.

L’étude menée par l’Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES), en 2016, sur les inégalités et la cohésion sociale ainsi que sur les politiques publiques y afférentes, avait montré que la lutte contre les inégalités, dans toutes leurs dimensions, devrait être inscrite en tant qu’axe prioritaire des politiques publiques, tout en mettant l’accent sur la réduction des inégalités en termes d’accès aux soins de santé.

Le rapport stratégique sur les enjeux planétaires de la biosphère, élaboré par l'Institut en 2016, avait mis en relief le besoin de renforcer la sécurité sanitaire, dans un contexte de développement de maladies émergentes.