Gouvernance/ QUELLE GOUVERNANCE POUR UN MONDE EN MUTATION
Le monde connaît des mutations profondes, qui dessinent les contours d’un avenir radicalement différent de la situation actuelle. A l’échelle globale, s’opère une transition d’un monde volatile, incertain, complexe et ambigu (VUCA) vers un monde vulnérable, incertain, critique et artificiel (VUCA2).
Sur un plan géopolitique, un nouvel ordre est en gestation, devant supplanter celui instauré à l’issue de la Seconde Guerre mondiale dans l’optique de pallier, en partie, la fragmentation accrue de l’échiquier mondial.
Le changement climatique, conjugué à la dégradation accélérée de la biosphère, intensifie la fréquence et l’ampleur des crises écologiques, menaçant de rendre la planète invivable.
S’agissant du volet économique, le capitalisme ultralibéral, prédateur de ressources naturelles limitées, accroît les inégalités sociales. L’essor de l’économie numérique, porté par les avancées technologiques, notamment, en matière de robotisation et d’intelligence artificielle, amplifie en contrepartie la fracture numérique tout en engendrant une reconfiguration des structures sociétales.
Ces mutations complexes interrogent les fondements de nos sociétés, ébranlent les pratiques traditionnelles de gouvernance et imposent de nouveaux modes de gouvernance plus adaptés aux défis actuels et futurs.
Face à ces défis, il devient impératif de concevoir une nouvelle gouvernance à l’échelle internationale, qui requiert au préalable une connaissance approfondie des nouvelles dynamiques mondiales et des interconnexions entre les systèmes économiques, écologiques, sociaux et technologiques pour assurer la robustesse et l’adaptabilité des mécanismes de gouvernance. Cette démarche doit prendre en compte le fait que contrairement aux sociétés traditionnelles où les risques étaient principalement d’origine naturelle, les sociétés contemporaines se trouvent confrontées à des risques issus de l’activité humaine, souvent invisibles, systémiques et globaux.
Dans ce sillage, l’Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) a depuis sa création accordé une attention particulière à la question de la gouvernance, qui figure parmi les principaux piliers de sa grille de lecture du monde et à laquelle il a choisi de consacrer son Rapport Stratégique 2024-2025.
Huitième de sa série ‘’Panorama du Maroc dans le monde’’, lancée en 2015, le Rapport Stratégique sur la gouvernance est réalisé, à l’instar des éditions précédentes, conformément à la méta-méthode prospective (Comprendre, Anticiper, Proposer). Cette publication se présente sous un format hybride, combinant un rapport de synthèse et une plateforme de connaissance digitale, constituée de 25 wikis, 18 encadrés, des illustrations graphiques et plus de 400 références bibliographiques.
Destiné à approfondir la compréhension du phénomène de la gouvernance, la première partie du rapport stratégique met en exergue l’émergence du concept de gouvernance et en quoi il diffère de la notion de gouvernement, tout en présentant ses composantes et ses typologies (chapitre 1). Elle examine, également, les trois facteurs majeurs de changement, qui influencent actuellement la gouvernance à l’échelle mondiale (chapitre 2) avant d’analyser les difficultés sociétales, informationnelles et institutionnelles, qui entravent la mise en œuvre des processus de gouvernance (chapitre 3).
La seconde partie, dédiée à l’anticipation des évolutions en la matière, s’intéresse à la multiplicité des crises contemporaines et à la transition d’un monde VUCA vers un monde VUCA2 (chapitre 1). Elle met en avant les principales mégatendances et émergences en cours ainsi que la montée des risques existentiels que la gouvernance devra affronter (chapitre 2) et pose la question des nouveaux besoins en matière de gouvernance de la planète, de la noosphère et du virtuel. Ces nouvelles exigences nécessitent de disposer d’un leadership innovant et adapté dans un paysage mondial de plus en plus complexe (chapitre 3).
La troisième partie est dévolue à l’identification de pistes de solutions, capables de faire évoluer cette gouvernance et de la rendre plus efficace face aux mutations en cours. Elle met en relief, dans un premier temps, la nécessité de définir un référentiel de la bonne gouvernance, articulé autour de principes directeurs (chapitre 1). Dans un deuxième temps, elle tente d’explorer la gouvernance mondiale et son processus de planétarisation afin d’illustrer comment ces concepts peuvent être déclinés à différents niveaux, du local au global et comment ils peuvent contribuer à la création de solutions durables (chapitre 2).
Enfin, cette partie met en exergue le modèle singulier de gouvernance du Maroc et sa doctrine en matière de gouvernance mondiale. Elle propose les contours d’une gouvernance renouvelée, impulsant l’émergence du Royaume dans un monde multi-crises et multiplexe (chapitre 3).