L’année 2020 restera dans la mémoire collective globale comme celle de l’irruption de la pandémie mondiale de la Covid-19, qui a conduit à une situation sans précédent. Cette crise a surpris le monde par son ampleur et la rapidité de sa propagation.

Evénement historique inédit, la pandémie a imposé aux Etats de prendre des mesures drastiques pour en endiguer la propagation, ce qui a transformé la crise sanitaire en une crise multiforme et systémique, touchant tous les aspects de la vie des pays et des citoyens.

L’ampleur de cette crise majeure tient à un triple phénomène, à savoir :

• • la peur de la maladie et de la perte des acquis, née des incertitudes, de l’isolement et de la perception diffuse et tacite, qu’une période de changements majeurs s’annonce,
  • le confinement d’un tiers de la population mondiale pendant plusieurs semaines et l’impréparation des décideurs à des événements d’une telle envergure,
  • la structure de l’interdépendance mondiale qui a révélé la fragilité des chaînes de valeur globales.

Les mesures de confinement et la manière dont la crise a été gérée ont mis en évidence une irresponsabilité manifeste des réseaux sociaux et des médias qui ont entretenu une peur, qui semble surdimensionnée.

La pandémie de la Covid-19 est venue accentuer une crise de leadership mondial qui intervient dans un contexte de tumulte géopolitique et qui amorce probablement une période de transition dont émergerait un nouvel ordre mondial.

C’est dans un tel contexte, propice aux bouleversements, qu’a émergé la pandémie de la Covid-19, accélérant les dynamiques en cours et mettant tous les acteurs de la société internationale aux prises avec leurs fragilités et leurs contradictions. Cette crise sanitaire, dont la propagation a été favorisée par l’interdépendance entre les pays :

• • a rappelé aux Etats, même les plus développés, leur vulnérabilité face aux chocs systémiques et remis, au cœur de la géopolitique mondiale, le soft power et la nécessité de l’action collective,
  • a révélé, dans un monde qui peine à sortir d’un ordre ancien et désormais inadapté, la faiblesse des capacités d’anticipation de la communauté internationale,
  • a montré, par conséquent, la nécessité de repenser les instruments de puissance des Etats, en vue d’entreprendre une réforme de la mondialisation ainsi que la construction d’un nouveau système international, non seulement politique mais aussi économique et social.
  • a mis en évidence l’opportunité de créer un organisme scientifiquement indépendant dans le domaine de la santé « One Health », semblable au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat « GIEC »,
  • a mis en exergue la nécessité de mieux comprendre la science, d’apprendre à vivre avec l’incertitude et de retrouver une nouvelle forme d’humanisme.

Du chaos transitoire qu’a entraîné la gestion de la pandémie et les incertitudes qui lui sont liées, a émergé une nouvelle normalité ainsi qu’une aspiration croissante à des changements en profondeur.