ANNUAL SURVEY PAPER 2023

BIOTECHNOLOGIES

Les Biotechnologies* constituent un domaine de recherche qui combine la biologie et la technologie pour développer des produits et des techniques améliorant la compréhension du vivant, de la santé et de l’environnement.

Au cours des 20 dernières années, les biotechnologies ont connu une émergence significative grâce à des avancées majeures telles que le séquençage complet du génome humain (2003), l’outil d’édition génomique CRISPR-Cas9 (2012), le traitement de certaines maladies héréditaires par thérapie génique (comme la myotrophie spinale), la médecine régénérative (cellules souches), ….

Les enjeux actuels (éthique, soutenabilité, sécurité) soulignent l’importance d’une approche réfléchie, éthique et réglementée du développement et de l’utilisation des biotechnologies afin de maximiser les avantages tout en minimisant les risques pour la société et l’environnement.

Le développement des biotechnologies au Maroc est un processus en cours, principalement tourné vers la santé, l’agriculture et l’environnement (Recherche, Développement et Innovation) –diagnostic des maladies génétiques, développement de cultures résistantes aux maladies, conservation de la biodiversité, …–. L’instauration d’un cadre réglementaire pour accompagner le développement des activités liées aux biotechnologies serait vivement indiqué.

BLOCKCHAIN

La Blockchain* ¹ est une technologie qui permet de créer un registre numérique sécurisé et transparent. Elle utilise un réseau décentralisé d’ordinateurs interconnectés pour enregistrer et vérifier les transactions de manière immuable. Grâce à la cryptographie, elle offre des transactions sécurisées et traçables sans nécessiter une autorité centrale.

Son utilisation pratique à partir de 2009 (appliquée à une cryptomonnaie) a introduit un nouveau paradigme de stockage et de gestion des données (sécurité, transparence, confiance, décentralisation, réduction des intermédiaires) qui a ouvert les portes à de nombreuses autres applications dans les domaines aussi variés que la finance, la logistique, la santé, l’énergie, …

Son potentiel de rupture est loin d’être épuisé : la blockchain perturbe les modèles commerciaux existants (smart contracts, traçabilité, peer-to-peer), le recours au tiers de confiance (notariat par exemple) et génère des écosystèmes innovants (innovation, recherche, collaboration).

Dans le cas de l’Afrique, elle pourrait révolutionner la propriété foncière en sécurisant de manière transparente et incontournable les acquisitions ou les transmissions.

Plusieurs projets et collaborations impliquant la blockchain ont été lancés au Maroc, notamment, dans les domaines de la finance et de la logistique. Bien que la blockchain au Maroc n’ait pas encore atteint un stade de développement avancé, l’intérêt et les initiatives en cours montrent que le pays reconnaît son potentiel et cherche à explorer les applications de la blockchain pour stimuler l’innovation, améliorer l’efficacité des processus et favoriser le développement économique.

Cloudification* DES DONNEES

La notion de stockage de données dans le Cloud* occulte souvent le fait que ces données sont en réalité stockées de manière physique dans des centres de données (Datacenters*) dont le marché se développe rapidement. Essentielles à la digitalisation de l’économie et de la société, ces fermes de serveurs stockent, traitent et distribuent de considérables quantités de données.

Cependant, leur fonctionnement soulève plusieurs problématiques majeures comme une consommation énergétique et spatiale élevée et un impact environnemental préoccupant (fabrication, utilisation et élimination), mais aussi en matière de sécurité des données (lutte contre les cyberattaques, capacité à assurer un service continu et fiable).

Ainsi, l’adoption croissante de l’Intelligence Artificielle, du Big data*, de l’Internet des Objets* et de la blockchain conduiraient les centres de données à consommer environ 3 à 13% de l’électricité de la planète en 2030 (1% en 2010)². Ce qui explique sans doute pourquoi les entreprises du secteur des technologies de la communication sont les premiers consommateurs d’énergie renouvelable (15 gigawatts en 2021)³.

Le Maroc a fait des efforts significatifs pour attirer des investissements dans ce domaine et pour développer sa propre infrastructure de data centers, comme le projet Maroc Datacenter à Temara. Une offre alimentée par de l’énergie renouvelable et proposant un refroidissement à la fois respectueux de l’environnement et économe en énergie serait certainement appréciée.

ENERGIE SOLAIRE PHOTOVOLTAÏQUE

L’énergie solaire photovoltaïque* est une forme d’énergie renouvelable qui convertit la lumière du soleil en électricité en utilisant des cellules solaires composées de matériaux semi-conducteurs, comme le silicium.

Les technologies spatiales ont été les premières à adopter l’énergie solaire photovoltaïque à la fin des années 1950⁴. Depuis, celle-ci s’est imposée comme une solution énergétique incontournable, portée par une prise de conscience environnementale et par les avancées de la Recherche & Développement dans ce domaine.

Source d’énergie décarbonée (sans émission de gaz à effet de serre), ses coûts initiaux de production ont baissé de 88% entre 2010 et 2021⁵ tandis que son rendement passait de 13,8% en 2010 à 17,2% en 2021, deux facteurs déterminants pour son adoption à grande échelle.

Avec un potentiel solaire des plus élevés dans le monde⁶, une dépendance énergétique extérieure de 90% en 2020⁷ et un mix énergétique national porté majoritairement par les énergies fossiles, le Maroc pourrait accélérer l’adoption de l’énergie solaire photovoltaïque à tous les niveaux et alimenter une filière Hydrogène vert* solide. Un cadre législatif clair et incitatif, tant pour les entreprises et les administrations que pour les particuliers, pourrait favoriser cette transition énergétique.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

L’Intelligence Artificielle* est un domaine de l’informatique qui se concentre sur la création de systèmes en mesure d’imiter l’intelligence humaine. Elle vise à développer des machines capables d’apprendre, de raisonner, de percevoir et de résoudre des problèmes de manière autonome. Les techniques de l’Intelligence Artificielle comprennent, notamment, l’apprentissage automatique, la vision par ordinateur, le traitement du langage naturel et la robotique.

Depuis 1956⁸, l’Intelligence Artificielle n’a cessé de se développer, tant sur le plan de la recherche que sur celui des applications. Son marché connaît aujourd’hui une progression exponentielle : les dépenses mondiales dans l’Intelligence Artificielle ont été estimées à 50 milliards de dollars en 2020 et devraient dépasser 185 milliards de dollars en 2026⁹.

Les solutions fondées sur l’Intelligence Artificielle foisonnent aujourd’hui dans tous les secteurs d’activité, de la finance à la médecine en passant par l’éducation, les transports et l’industrie, confirmant ainsi son adoption à grande échelle comme nouvelle solution technologique.

Cependant, dernière évolution notable de l’Intelligence Artificielle, la mise à disposition du grand public des agents conversationnels de type « ChatGPT » (Intelligence Artificielle Générative) a mis en lumière les défis que présente le développement de ce type de technologies. Au-delà des considérations éthiques, énergétiques ou encore sécuritaires¹⁰, la question se pose désormais de mesurer et d’anticiper le réel impact de l’Intelligence Artificielle sur le marché du travail. Selon McKinsey Global Institute¹¹, entre 400 et 800 millions d’emplois seraient menacés par l’automatisation et l’adoption de l’Intelligence Artificielle, à l’horizon 2030, non seulement dans les domaines administratifs, juridiques et de support, mais aussi dans les secteurs de création intellectuelle comme le journalisme, le design, l’innovation, voire la stratégie.

Le Maroc reconnaît l’importance de l’Intelligence Artificielle et met en place des initiatives pour promouvoir son développement. Des centres de recherche, des partenariats public-privé et des programmes éducatifs voient le jour pour favoriser la recherche, la formation et l’implication des jeunes talents dans le domaine de l’Intelligence Artificielle. Ces réalisations gagneraient à être accompagnées par la conception et la mise en œuvre d’une stratégie nationale dans le domaine de l’Intelligence Artificielle.

SECURISATION DES CHAINES D'APPROVISIONNEMENT*

Cette notion fait référence à la nécessité de garantir la disponibilité et la qualité des matières premières, des produits et des services, en réduisant la dépendance aux fournisseurs extérieurs et en diversifiant les sources d’approvisionnement.

Elle est devenue une préoccupation majeure dans les domaines de l’énergie, des technologies de l’information et de la communication, de la santé ou encore de l’alimentation depuis le début de ce siècle, à la suite des attentats de 2001 (Etats-Unis), des épidémies de 2002 (SARS), 2006 (grippe aviaire) et 2020 (Covid-19). Au quotidien, les catastrophes naturelles et les cyberattaques ont aussi mis en évidence cette vulnérabilité.

La sécurité des chaînes d’approvisionnement est désormais considérée comme un enjeu stratégique crucial pour assurer la continuité des opérations, minimiser les perturbations et protéger la réputation et les intérêts des organisations. Car il reste encore de nombreux défis à relever pour garantir une telle sécurisation, notamment, en matière de régulation (normes), de coopération internationale, ou encore de développement de nouvelles sources d’approvisionnement durables.

Le Maroc s’est aussi engagé dans cette sécurisation (cadre réglementaire, infrastructures logistiques, Zones Economiques Spéciales, …) afin d’offrir à l’Europe et à l’Afrique un territoire sûr d’approvisionnement régional. Il appartient à chaque industriel marocain d’exercer la plus grande vigilance dans ce domaine et d’entreprendre des démarches anticipatrices de diversification des chaînes d’approvisionnement.

SOUVERAINETE PHARMACEUTIQUE

La Souveraineté pharmaceutique* se réfère à la capacité d’un pays à prendre des décisions autonomes concernant sa politique pharmaceutique, sa production, sa distribution et son accès aux médicaments. Elle implique la mise en place de politiques et de mesures visant à garantir que les besoins de santé de la population sont satisfaits de manière durable et indépendante, sans dépendre excessivement des importations de produits pharmaceutiques.

La vulnérabilité des pays dépendant massivement des importations de médicaments s’est manifestée dès la crise pétrolière des années 70 (perturbation de la chaîne d’approvisionnement mondial). Successivement, l’épidémie du SIDA (années 80), celle d’Ebola (2015), puis la pandémie de la Covid-19 ont mis en évidence la nécessité de renforcer la souveraineté pharmaceutique des pays et de promouvoir des politiques et des initiatives visant à garantir un accès équitable aux médicaments essentiels pour tous (accès aux antirétroviraux).

Si des efforts significatifs ont été réalisés par les pays émergents (Inde, Brésil Chine, Afrique du Sud), la grande majorité des pays en développement peine à développer des capacités de production nationale, à renforcer leur Recherche & Développement pharmaceutique, à promouvoir la production de médicaments génériques, à consolider les réglementations nationales et à accéder aux connaissances et aux ressources pharmaceutiques nécessaires.

Toutefois, le vieillissement de la population, la croissance rapide de marchés émergents, le développement des thérapies géniques et cellulaires et une augmentation des dépenses de santé par ménage dans de nombreux pays, alimentent la croissance rapide du marché mondial du médicament : en 2021, celui-ci a atteint 1.291 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en croissance de plus de 6,8% par rapport à 2020¹². La question de la souveraineté pharmaceutique devient désormais un enjeu structurel.

Le Maroc a pris plusieurs mesures pour renforcer sa souveraineté pharmaceutique : promotion de la production locale, développement des capacités de Recherche & Développement, réglementation pharmaceutique, coopération régionale et internationale, accès équitable aux médicaments. Tirant les enseignements de la pandémie de la Covid-19, le Royaume s’est lancé dans la production de vaccins, pour couvrir ses besoins internes et ceux du continent africain.

VOITURE ELECTRIQUE

Une Voiture électrique* est un véhicule qui tire principalement son énergie motrice de l’électricité stockée dans une batterie rechargeable de grande capacité, quelle que soit la modalité technique (hybride, 100% électrique, hydrogène, …).

L’émergence des voitures électriques n’a réellement commencé qu’au début des années 2010, leur vente passant de 125.000 unités vendues dans le monde en 2012 à 6,4 millions en 2021¹³.

Cette tendance exponentielle devrait se poursuivre dans les années à venir¹⁴ grâce aux avancées technologiques et à la volonté de décarbonation de la mobilité.

Au Maroc, l’utilisation des véhicules électriques reste encore à un stade embryonnaire, malgré une hausse récente mais significative de 1.163 unités en 2018 à 5.714 en 2021¹⁵. Or le Royaume gagnerait à élargir l’utilisation et la production des véhicules électriques pour décarboner partiellement un secteur des transports hautement émetteur de gaz à effet de serre, réduire sa forte dépendance envers les sources d’énergie fossiles et s’insérer dans le marché mondial de production des voitures électriques.

REFERENCES

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