IRES Intelligence Platform (IIP)

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ANNUAL SURVEY PAPER 2023

Table des matières

BIORESISTANCE

La Biorésistance* englobe la résistance aux antibiotiques, aux pesticides, aux traitements antiviraux et aux organismes génétiquement modifiés, de certaines bactéries, virus, organismes nuisibles ou ravageurs.

Si ce phénomène n’est pas nouveau, il est devenu de plus en plus préoccupant au fil des ans. D’une part, parce que la proportion des organismes résistants s’étend et que cette résistance est le résultat d’une sélection naturelle de plus en plus rapide : il n’y a donc pas de marche arrière. D’autre part, parce que cela diminue la capacité humaine d’agir sur la nature : l’OMS a décrit la résistance aux antibiotiques comme l’une des plus grandes menaces pour la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement1.

Le Maroc est suffisamment concerné2 par cette émergence pour qu’un Plan stratégique de résistance aux antimicrobiens (24-09-2019) ait été mis en place dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Santé 20253. Toutefois, l’implication de tous les partenaires, y compris le secteur privé, pour définir des cadres réglementaires spécifiques et entreprendre des actions concrètes sur les questions de la biorésistance, reste encore une étape décisive à franchir.

DÉGRADATION DE LA BIODIVERSITÉ

La dégradation de la Biodiversité* réfère à la diminution ou la perte de variation biologique au sein d’un écosystème, incluant la réduction du nombre d’espèces, de populations et de leur diversité génétique, souvent due à des facteurs anthropiques tels que les changements d’utilisation des terres, la pollution, la surexploitation des plantes et des animaux ainsi que le changement climatique.

L’évaluation mondiale de la biodiversité, en 2019, de la Plateforme Intergouvernementale scientifique et politique sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques a montré que la dégradation de la nature s’accélère à un taux sans précédent dans l’histoire humaine (un million d’espèces menacées d’extinction). L’indice mondial « Planète vivante 2022 » indique une diminution moyenne de 69%4 des populations d’espèces sauvages observées entre 1970 et 2018.

A l’échelle méditerranéenne, la biodiversité du Maroc est la plus riche après celle de la région anatolienne (Turquie), avec un taux d’endémisme global de 11% pour la faune et de 25% pour les plantes vasculaires. Le Maroc est le 12ème exportateur mondial de plantes médicinales et aromatiques avec 52.000 tonnes de plantes et 5.000 tonnes d’huiles essentielles (1,2 milliards de dirhams)5.

Particulièrement concerné par la déforestation, la pollution, la surexploitation des ressources et le changement climatique, le Royaume a pris des mesures pour la préservation, la restauration et la gestion des écosystèmes, comme la Stratégie et le Plan d’Action National de la Biodiversité 2016-20206. Il lui faut néanmoins accroître son rythme de mise en œuvre pour dépasser celui de la dégradation de la biodiversité.

ÉLÉVATION DU NIVEAU DES MERS*

L’augmentation progressive du niveau moyen des océans, principalement due à la dilatation thermique de l’eau de mer et à la fonte des glaces terrestres, est un phénomène climatique qui impacte significativement les zones côtières (érosion, inondations, perturbation des écosystèmes côtiers et déplacement des communautés humaines).

Selon le GIEC 2022, les effets de cette surélévation, qui menacera plus qu’un milliard de personnes à l’horizon 2050, vont s’intensifier et la fréquence des événements extrêmes va augmenter7. Les zones côtières de faible altitude et sans protection seront les plus exposées.

En raison de la faible topographie de ses zones côtières, de sa concentration urbaine littorale et de la valeur écologique, économique et touristique de ses côtes, le Maroc est directement concerné par la montée des eaux. Le développement des moyens de surveillance de ces zones et l’anticipation des conséquences futures de cette élévation (déplacement de la population, systèmes de protection des côtes, …) sont désormais nécessaires8.

Gaspillage alimentaire*

Cette notion désigne, selon la FAO, une détérioration de la quantité ou la qualité des aliments résultant des décisions et des mesures prises par les commerçants, les fournisseurs de services de restauration et les consommateurs9.

Environ un tiers de la nourriture produite dans le monde pour la consommation humaine est gaspillée chaque année, soit 400 milliards de dollars. Cela représente environ 1,3 milliard de tonnes de nourriture, alors que 690 millions de personnes souffraient de la sous-alimentation en 2019 (FAO) et que 3,1 millions d’enfants de moins de 5 ans mouraient chaque année de malnutrition (ONG Save the Children, 2018), des chiffres en hausse depuis la Covid-19.

Les effets indirects des aliments non consommés ne sont pas négligeables : leur production fait appel à des ressources précieuses (eau, sol, énergie) et leur décomposition génère du méthane, un gaz à effet de serre puissant.

Chaque année, le citoyen marocain jette 91 kilogrammes d’aliments10 : un gaspillage qui se produit lors des dernières étapes de la chaîne d’approvisionnement11. Le développement de technologies d’emballage plus appropriées devrait contribuer à réduire les pertes et le gaspillage alimentaires, en permettant une durée de conservation des aliments prolongée, une protection contre les contaminations, …

PERTE DE FERTILITÉ DES SOLS

La « perte de Fertilité des sols* » fait référence à la diminution de la capacité d’un sol à soutenir la croissance des plantes, généralement due à une érosion, à une utilisation intensive ou à des pratiques agricoles non durables. Cela peut inclure l’épuisement des nutriments essentiels, la diminution de la matière organique, la dégradation de la structure du sol et la réduction de la biodiversité du sol. Il en résulte un sol pauvre en éléments nutritifs et en organismes vivants, dont la porosité est amoindrie (donc aisément lessivable).

Au rythme actuel d’exploitation des terres fertiles, 90% des terres arables de la planète seront dégradées d’ici 205012.

Au Maroc, la part des terres arables dans l’ensemble du territoire est passé de 20,4% en 1994 à 17,1% en 202013. La déforestation est le principal facteur de leur dégradation14, contribuant aussi à l’intensité accrue de la sécheresse, aux incendies de forêts et à l’érosion des sols.

PROGRESSION VERS LES LIMITES PLANETAIRES

Les neuf limites planétaires (ROCKSTRÖM, 2009) définissent les seuils critiques à ne pas dépasser pour préserver l’environnement nécessaire à la survie de l’espèce humaine sur la planète. Elles incluent le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, les cycles de l’azote et du phosphore, l’acidification des océans, l’utilisation mondiale de l’eau douce, la modification d’usage des sols, la pollution chimique, l’aérosol atmosphérique et la diminution de la couche d’ozone. Respecter ces limites est crucial pour un avenir durable.

Or la progression vers ces limites s’est accélérée depuis le début du 21ème siècle, de la dégradation des sols aux émissions de CO2, d’azote et de phosphore, de l’érosion de la biodiversité à la Surutilisation* de l’eau douce. Bien que des améliorations aient eu lieu, notamment, en matière de réduction des émissions de polluants toxiques (aérosols) et de destructeurs d’ozone (Chlorofluorocarbures), elles sont insuffisantes, fragmentées et localisées.

Le Maroc fait déjà face à des défis conséquents en matière de changement climatique, de baisse des ressources en eau, de déforestation, de dégradation des terres et de perte de biodiversité. Signataire de l’Accord de Paris, le Royaume déploie des efforts en matière de transition énergétique, de gestion du capital hydrique et d’éducation environnementale, qu’il convient d’intensifier et d’accélérer.

REFERENCES

  1. World Health Organization. "Principaux repères : la résistance aux antibiotiques". Site web de l’Organisation Mondiale de la santé. 2020. Dernière consultation : le 25-07-2023.
  2. B. Houssni, H. Berkhli, H. Madani, A. Azzouzi. " Résistances bactériennes, consommation d'antibiotiques et politique de gestion de l'antibiothérapie", revue l'officinal N-88. 2011.
  3. Ministère de la Santé et de la protection sociale. Unité de coordination nationale et le comité technique pour la surveillance de la résistance aux antimicrobiens, site web officiel du ministère. 2019. Dernière consultation : le 25-07-2023.
  4. Le Fonds Mondial pour la Nature WWF. "Rapport Planète Vivante 2022 - Pour un bilan « nature » positif". 2022. p.4.
  5. Agence Nationale des Plantes Médicinales et Aromatiques. Vision stratégique de l’ANPMA (2018-2022), site web officiel de l’Agence. Dernière consultation : le 25-07-2023.
  6. Ministère délégué auprès du Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargé de l’Environnement. Stratégie et Plan d’Actions National pour la Diversité Biologique du Maroc (2016-2020). 2020.
  7. IPCC. "IPCC Special Report on the Ocean and Cryosphere in a Changing Climate" [H.-O. Pörtner, D.C. Roberts, V. Masson-Delmotte, P. Zhai, M. Tignor, E. Poloczanska, K. Mintenbeck, A. Alegría, M. Nicolai, A. Okem, J. Petzold, B. Rama, N.M. Weyer (eds.)]. Cambridge University Press, Cambridge, UK and New York, NY, USA: 2019. 755 pp.
  8. Institut Royal des Etudes Stratégiques. "Rapport Stratégique 2022-2023 - L'océan : Enjeu mondial et solution planétaire". 2023. page 191.  https://www.ires.ma/iip/ocean.
  9. FAO. "The State of Food and Agriculture: Moving forward on food loss and waste reduction". Rome: 2019. Licence: CC BY-NC-SA 3.0 IGO.
  10. United Nations Environment Programme. "Food Waste Index Report 2021". Nairobi..
  11. ESCWA. "Résumé des résultats principaux de l'étude sur les pertes alimentaires au Royaume du Maroc". 2022.
  12. United Nations. “FAO warms 90 per cent of Earth’s topsoil at risk by 2050”. UN News. July 2022. Dernière consultation : le 25-07-2023.
  13. FAO. Base de Données "Faostat". Dernière consultation : le 21-07-2023.
  14. FAO. "The state of the world’s land and water resources for food and agriculture – Systems at breaking point. Synthesis report". Rome : 2021. https://doi.org/10.4060/cb7654en.
  1. World Health Organization. "Principaux repères : la résistance aux antibiotiques". Site web de l’Organisation Mondiale de la santé. 2020. Dernière consultation : le 25-07-2023.
  2. B. Houssni, H. Berkhli, H. Madani, A. Azzouzi. " Résistances bactériennes, consommation d'antibiotiques et politique de gestion de l'antibiothérapie", revue l'officinal N-88. 2011.
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  4. Le Fonds Mondial pour la Nature WWF. "Rapport Planète Vivante 2022 - Pour un bilan « nature » positif". 2022. p.4.
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  6. Ministère délégué auprès du Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargé de l’Environnement. Stratégie et Plan d’Actions National pour la Diversité Biologique du Maroc (2016-2020). 2020.
  7. IPCC. "IPCC Special Report on the Ocean and Cryosphere in a Changing Climate" [H.-O. Pörtner, D.C. Roberts, V. Masson-Delmotte, P. Zhai, M. Tignor, E. Poloczanska, K. Mintenbeck, A. Alegría, M. Nicolai, A. Okem, J. Petzold, B. Rama, N.M. Weyer (eds.)]. Cambridge University Press, Cambridge, UK and New York, NY, USA: 2019. 755 pp.
  8. Institut Royal des Etudes Stratégiques. "Rapport Stratégique 2022-2023 - L'océan : Enjeu mondial et solution planétaire". 2023. page 191.  https://www.ires.ma/iip/ocean.
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  12. United Nations. “FAO warms 90 per cent of Earth’s topsoil at risk by 2050”. UN News. July 2022. Dernière consultation : le 25-07-2023.
  13. FAO. Base de Données "Faostat". Dernière consultation : le 21-07-2023.
  14. FAO. "The state of the world’s land and water resources for food and agriculture – Systems at breaking point. Synthesis report". Rome : 2021. https://doi.org/10.4060/cb7654en.