IRES Intelligence Platform (IIP)

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Contexte / VERS UN NOUVEAU MODELE DE DEVELOPPEMENT

Dans un monde volatile, incertain, complexe et ambigu (VUCA), la conception d’un nouveau modèle de développement pour le Maroc doit prendre acte des principales ruptures qui sont en train de changer la donne à l’échelle mondiale. Il y a lieu de citer quatre faisceaux de tendances disruptives, qui prennent appui sur les limites de l’économie capitaliste dominante et sur les mutations sociétales et technologiques en cours :

    • Le passage de la valeur matérielle aux valeurs immatérielles, motivé par l’impasse dans laquelle se trouve le système socio-économique international existant qui repose sur un concept de la valeur qui ne sert qu’à accroitre la « marchandisation » de l’ensemble des activités humaines. Cette impasse a provoqué une fracture du lien social et généré des inégalités croissantes. De nouvelles aspirations se font jour en faveur de plus de justice et de respect de la vie et des libertés, plus de solidarité humaine et de liens sociaux.
    • La revalorisation de l’humain afin de remédier à l’affaiblissement de la cohésion sociale, aux inégalités accrues, au mal-être croissant des individus et au risque d’un monde futur sans emploi résultant de l’automation croissante et du déploiement des capacités dans des champs toujours plus vastes de l’intelligence artificielle et, plus largement, de la robotique matérielle et virtuelle.
    • La fin de l’économie de prédation sur laquelle repose le modèle économique dominant puisque l’Anthropocène a profondément altéré la capacité de la planète à satisfaire les besoins de l’humanité. L’exploitation irraisonnée de la nature par l’Homme a conduit à trois grands bouleversements qui vont marquer le 21ème siècle : un changement climatique de grande magnitude, la raréfaction des ressources naturelles et les déséquilibres associés comme la désertification.
    • L’émergence rapide de technologies disruptives qui constitue l’un des traits caractéristiques de « l’exponentialité » des évolutions et qui accroit les inégalités : la transition énergétique vers une économie post-carbone, la fabrication additive, la robotique connectée physique et virtuelle ou, encore, les technologies de la dématérialisation sont autant de ruptures qui nécessitent un accompagnement par la puissance publique.

Pour affronter ces changements drastiques, le nouveau modèle de développement du Maroc devrait s’appuyer sur quatre piliers interdépendants, à savoir : remettre l’Homme au centre du développement, reconsidérer le rapport de l’Homme à la nature, contribuer à la planétarisation, en assurant l’articulation entre l’échelle locale et mondiale, armer le Maroc pour affronter « l’exponentialité » des évolutions, grâce à une stratégie ambitieuse, permettant de sauter les étapes en termes de développement.

Ces piliers doivent être soutenus par une nouvelle gouvernance dont les deux principes premiers sont d’une part la justice et l’éthique et d’autre part la flexibilité et l’adaptation. L’ensemble devrait faire l’objet d’un contrat social rénové, dont la mise en œuvre effective offrirait de manière équitable des opportunités à tous les citoyens et ce, pour des impératifs d’inclusion. Dans ce contrat social, une attention particulière devrait être réservée à deux dimensions importantes du capital social : la question du genre, notamment les inégalités dont souffrent les femmes, et la confiance interpersonnelle, y compris à travers le respect des règles.